Opera nova contemplativa [Bible des pauvres]

env. 1510

Illustr Bv° - Biir°+ [le veau d’or et la destruction des idoles]

Contrairement à son titre tardif, une Bible des pauvres est une construction complexe, rédigée par des clercs pour des clercs, où se complètent textes et images bibliques.

L’Opera nova contemplativa est le dernier avatar du genre, paru à Venise vers 1510, et cherche à faire aimer et contempler (invitation spirituelle) Jésus et Marie, figures centrales du christianisme annoncées par les Prophètes.

L’Ancien Testament est donc prophétie du Nouveau et le parallèle des images permet de visualiser directement la correspondance entre deux épisodes, l’un de l’ancienne, l’autre de la nouvelle alliance.

Cette réalisation vénitienne en petit format ne comprend plus trois images sur une même page, comme dans le grand modèle “canonique”, mais deux seules, distribuées chacune sur une page de plus petit format.

En revanche, le couple de prophètes en bas de la seconde page (ici Zacharie et Sophonie) sort directement des réalisations qui fleurirent au XVe siècle : il renvoie à deux textes prophétiques qui commentent les deux scènes, ici la destruction des idoles et des faux-dieux.

Le texte et l’image de gauche représentent le veau d’or que Moïse va détruire, tandis qu’on voit à droite la soi-disant destruction des idoles, lorsque Jésus entre en Egypte.

Illustr Biiiv°-Biiiir° [le massacre des saints innocents]

La scène vétérotestamentaire est maintenant à droite, représentant Athalie qui, à la mort de son fils Akhazias, fit mettre à mort toute la descendance royale de Juda, ainsi que le raconte le 22e chapitre du 2e livre des Chroniques (et non 2 Rois 2, comme imprimé, la précision n’étant pas le fort des ouvriers typographes de cette Opera contemplativa !).

Le texte en haut à droite rappelle et commente l’événement, la reine cruelle étant la figure à venir d’Hérode qui fit mourir les Saints-Innocents, représentés à gauche.

Les deux textes prophétiques sont tirés de Jérémie 31 et d’Osée 8.

Quoique cette composition soit plus simple que celles d’une Bible des pauvres (qui comptait plus de textes et d’images), elle entraîne le lecteur contemplateur dans un parcours complexe et un cheminement spirituel, soutenu par le rapprochement des images.

Max Engammare