La sainte Bible

1805

Photo p. 1 [135]

Scriptura sola : « Par l’Écriture, et elle seule ».

Ce principe – l’autorité de la Bible surpasse les traditions et les institutions humaines – n’a jamais cessé de guider les protestants qui, tout au long de leur histoire, travaillent à améliorer la compréhension et la traduction des textes sacrés.

Dans l’Église calvinienne, le chantier commence à l’aube de la Réforme, avec la Bible française d’Olivétan (1535), bientôt reprise par Calvin, Théodore de Bèze, pour aboutir en 1588 à la « Bible de Genève », qui, à son tour, sera amendée et polie par des générations de pasteurs et théologiens, toujours soucieux de serrer au plus près les originaux hébreux et grecs.

La Sainte Bible d’Elzevier (1669), également exposée ici, s’inscrit dans cette tradition des Bibles genevoises, dont l’histoire continue, on va le voir, jusqu’au XIXe siècle.

Photo p. 74-75, ou 298-299 ou 150-151 [209]

Nous sommes maintenant au début du XIXe siècle.

Une équipe de savants, probablement pasteurs et professeurs de Genève, se remet au travail dans le but d’améliorer encore, vers plus de fidélité, le texte français des Écritures.

Un exemplaire de l’édition genevoise de 1805 est interfolié, pour accueillir, sur les pages blanches, en deux colonnes symétriques au texte imprimé, les corrections apportées par plusieurs savants (différentes mains se succèdent au cours des pages).

Le système de repérage est clair, les corrections sont très lisibles, ce qui laisse penser que l’exemplaire devait servir aux imprimeurs, en vue d’une prochaine édition.

Mais l’entreprise tourne court.

Les corrections, clairsemées dans le Pentateuque, plus nombreuses dans les livres historiques de l’Ancien Testament, s’interrompent à la page 516 (II Chroniques, chap. 17).

Surtout, l’examen des Bibles protestantes des premières décennies du XIXe siècle ne portent pas trace des corrections apportées ici.

La tradition des Bibles des pasteurs genevois arrive ici à son terme.

Les traductions de David Martin et d’Ostervald, qui remontent au XVIIIe siècle, se sont imposées, alors que celle du genevois Louis Segond (1874-1880) sera la vraie héritière de la Bible de 1588 reprise une dernière fois en 1805 : elle fera vite autorité, devenant la Bible des réformés francophones au XXe siècle.

Michel Jeanneret