Xᵉ-XIᵉ s.
Ce manuscrit des œuvres d’Horace est accompagné de plusieurs commentaires savants, comme le veut l’habitude de l’époque.
Dès l’antiquité, Horace est commenté.
Le premier d’entre eux, Acron (+ ou - 175 après J.C.) est suivi par Porphyrion (+ ou – 225 ap. J.C.).
Ces travaux, aujourd’hui disparus, n’ont pas subsisté dans leur forme originale, elles ont été reprises par le scholiaste Pseudo Acron (+ ou - 425 après J.C.) Les scholies sont des notes rédigées, dans l’antiquité ou au moyen âge, par un lecteur ou un grammairien.
Ces notes lexicales sont très difficiles à dater, car elles reprennent très souvent des observations anciennes.
Au f. 7v, le copiste médiéval a écrit dans un cercle peint en vert, bleu et sépia, divisé en deux parties par un trait horizontal vert.
On lit, en haut : « Hæc oda huius ode latinum grecum ODE ODEC.
Sive ecclesia eclesiæ latinum grecum eclesies » (Ce mot « ode » vient du latin oda, odæ, emprunté au grec ode, de même, le latin ecclesia, eclesiæ est emprunté au grec eclesies) et en bas : « Avus est pater patris, proavus pater avi, atavus autem pater proavi » (L’aïeul est le père du père, le bisaïeul le père de l’aïeul, et le quadrisaïeul le père du trisaïeul).
Cette juxtaposition en haut, de deux étymons empruntés eu grec (w/jdhv signifie « le chant ») permet de les apparenter : ode, qui signifie aussi « chant liturgique » est inscrit dans le même compartiment que le mot ecclesia.
En ravivant les origines des mots « chant » et « Église » (demi-cercle supérieur) et les termes d’ancestralité, attestés depuis Plaute (demi-cercle inférieur), le copiste montre que le monde médiéval s’origine dans cette double tradition antique.
La figure héraldique du monde (un cercle mi-parti ici) n’est pas un dessin gratuit, mais un diagramme signifiant.
Au XVe siècle, un possesseur a refait les f. 6, 54, 63, 65, 67et 68.
Ces feuillets ne contiennent plus de notes.
Il est probable que l’un des possesseurs italiens du XVe siècle, identifiables grâce aux rayons ultra-violets, ait souhaité supprimer certaines gloses, jugées inutiles ou inexactes.
Des deux possesseurs identifiés, « G.
Scarampus » appartient à la famille Scarampi, originaire d’Asti, vivier de financiers, cardinaux, diplomates et hommes de loi depuis le XIVe siècle au moins.
L’autre possesseur, « Jacobus Allierius » ajoute une mention de prix à son ex-libris : « Sum Iacobi Allierii empt(us) die 5 Ianuarii 1441 » (Moi, Jacobus Allierius, ai acheté ce manuscrit le 5 janvier 1441).
Graphié avec un ou deux « l », son nom apparaît dans les documents diplomatiques tirés des archives de Milan, ainsi que dans un ouvrage consacré aux lettrés de Crémone (Francesco Arisi, Cremona Literata, Parme, 1706, p. 86).
Il y figure en tant que professeur de médecine, fort estimé, auteur, en 1528, d’un traité de remèdes contre la peste, alors que celle-ci ravageait Crémone.
Valérie Hayaert