Gustav Mahler

[Fragment d’esquisses pour la 4e Symphonie, 1er mouvement, 1ère version]

env. 1899

zoom sur image 1 : annotation manuscrite d’Alma Mahler (bic bleu)

Alors que Gustav Mahler (Kaliště (Bohème), 1860- Vienne, 1911) est directeur de l’opéra de Vienne et compositeur estimé, il fait la connaissance d’Alma Schindler, de 19 ans sa cadette.

Excellente pianiste, la jeune femme a également étudié la composition.

Mahler l’épousera en 1902.

Elle sera aux côtés de son époux lors de sa quatrième saison aux États-Unis.

Le manuscrit présenté ici contient les ultimes remaniements de la main du compositeur, inscrits sur la partition définitive, et authentifiés par une mention manuscrite, au bic bleu, de la main d’Alma Mahler ainsi que sa signature autographe : « SKIZZENBLATT AUS DER IV SYMPHONIE, (feuilles d’ébauches pour la 4è symphonie) Alma Maria Mahler ».

La dernière page porte une seconde mention d’identification également au bic bleu, de la main d’Alma Mahler, qui remariée avec le romancier Franz Werfel, signe alors Alma Mahler Werfel.

Le document témoigne à lui seul de quatre moments de vie et d’écriture : aux deux premières phases d’écriture de la partition, qui correspondent à deux états de la genèse de l’œuvre, correspondent deux moments d’authentification de ce fragment par Alma Mahler.

Image 3 : annotations au crayon bleu de Gustav Mahler

Artisan minutieux, Mahler montre ici le soin extrême qu’il met à innover dans le genre symphonique.

Ses interventions manuscrites sur ses propres partitions révèlent une méthode de travail méticuleuse.

Ces deux feuilles isolées présentent des fragments d’esquisses de la 4ème Symphonie (1er mouvement, première version).

Au crayon bleu, Gustav Mahler a d’abord supprimé quatre mesures.

Il a repris son manuscrit par la suite pour indiquer un changement de tempo : les quatre premières mesures encadrées portent la mention « éventuellement valables » (gilt eventuell) et les quatre dernière mesures portent l’indication « éventuellement pseudo trois temps » (eventuell Pseudo 3).

Mahler propose ici de jouer ces mesures sur un tempo différent.

Image 2 : zoom sur les ratures de la 4è et 5è mesures, quatrième portée

Acquis en 1950 par Martin Bodmer auprès de la firme Gottlieb, en provenance de la collection d’Alma Mahler, ce fragment porte de précieuses annotations, qui seront reprises dans l’édition critique des œuvres du compositeur établie par Ratz et publiée à Vienne en 1963, p. i, 18-99-1.

La feuille est isolée, légèrement jaunie.

Le papier à musique (douze portées) porte le filigrane de J. & E Co, Vienne.

Cette feuille, au format paysage, est la moitié restante d’un grand format (265 x 343 mm).

La partition initiale, à l’encre noire, contraste fort avec les annotations complémentaires et ultérieures au crayon bleu.

Compositeur à l’œuvre, Mahler rature, biffe et recompose, sous nos yeux, un fragment de la partition qui est aussi un chemin de vie, celui de la vie pendulaire de deux esprits.

Valérie Hayaert