Arthur Schopenhauer

Die Welt als Wille und Vorstellung

1819 (1ᵉ éd.) et 1844 (2ᵉ éd.)

double page de l’éd de 1819 [168]

Monument de la philosophie allemande post-kantienne, Le Monde comme volonté et comme représentation propose, sur le monde et sur la vie, des théories épistémologiques, métaphysiques, esthétiques et morales trop riches et complexes pour être exposées ici.

C’est le travail du philosophe lecteur de soi, acharné à compléter la même œuvre à travers toute sa carrière, qui nous intéresse.

Schopenhauer a 26 ans, en 1814, lorsqu’il ouvre le chantier qui conduira, en 1819, à la première publication de son ouvrage.

Il conçoit alors l’idée fondamentale qu’il ne fera, jusqu’à sa mort en 1860, que développer et approfondir, au fur et à mesure de ses lectures, de ses intuitions et de ses observations.

Il consigne ces compléments dans des carnets et dans ses propres exemplaires du livre, ouvrant ainsi une fenêtre sur l’évolution de sa pensée.

Nous avons ici la première édition, que Schopenhauer a fait interfolier afin de noter sur les pages blanches les adjonctions destinées à l’édition suivante, qui verra le jour vingt-cinq ans plus tard, en 1844.

double page de l’éd de 1819 [168]

Nous sommes ici devant la deuxième édition (1844).

A la place du volume unique de 1819, on en a maintenant deux ; le premier reprend en gros le texte original, tandis que le second apporte, en cinquante chapitres, les développements nouveaux amassés sur les feuillets manuscrits de l’exemplaire de 1819.

On le voit : comme Montaigne, Schopenhauer ajoute plus qu’il ne retranche ou corrige.

L’œuvre, comme la pensée, va poursuivre son existence.

Après 1844, le philosophe continue à amplifier son traité, que ce soit en rassemblant des Parerga et Paralipomena (« suppléments et omissions »), publiés en 1851, ou en ajoutant dans son exemplaire de la deuxième édition, interfolié lui aussi, de nouveaux compléments, qui aboutiront aux 136 pages inédites de la troisième édition, en 1859.

Ce tirage sera à son tour interfolié, créant la place pour de nouvelles adjonctions.

Mais la plupart des pages resteront blanches, car Schopenhauer meurt quelques mois plus tard.

Michel Jeanneret